SR MAYIE LARREGAIN, 50 ANS DE PRÉSENCE EN CÔTE D'IVOIRE

13/01/2024 | Agenda - Actus - Communautés

Célébration des 50 ans de mission de Sr Mayie Larregain en Côte d'Ivoire. 

Le 27 décembre 2023 à Toupah, Sr Mayie Larregain célébrait ses 50 ans de présence en Côte d'Ivoire. 

Sr Mayie est arrivée dans ce village de Toupah précisément le 19 novembre 1973. Avec la communauté chrétienne de ce petit village lagunaire, nous avons rendu grâce au Seigneur pour sa fidélité dans la mission de Servante. Ce fut un moment de prière dans une célébration eucharistique, puis un temps de retrouvailles suivi d'un partage fraternel.Nous vous partageons quelques photos et le message de l'élue du jour. (Sr Marie Ange Ido, Servante de Marie)






Novembre 1973… Novembre 2023, il y a 50 ans j’arrivais en Côte d’Ivoire !!! 

En 1973, après ma profession perpétuelle, j’exprimais encore une fois ma disponibilité pour la mission en C.I. Cette fois la réponse de la Supérieure Générale fut empreinte d’espérance : "Avant la fin de mon mandat, vous irez faire un essai". Le Père Cestac aimait dire : "Heureux qui sait attendre ! Et plus l’attente est longue, plus abondantes et durables sont les bénédictions divines".

Le 27 novembre 2023, nous nous sommes rassemblés pour une action de grâce, pour ce long temps de présence, de vie dans ce pays d’adoption, vrai cadeau du Seigneur. "Tu as changé mon deuil en une danse. Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour Toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !" (Psaume 29)


L’accueil fut surprenant. D’abord je trouvais une Communauté religieuse, ma famille des Servantes de Marie. Heureusement, elle était là pour m’apprendre les premiers pas dans cette nouvelle culture que j’allais progressivement découvrir. Ce fut ensuite la rencontre avec la communauté villageoise, celle de Toupah et la communauté chrétienne… Les deux m’ont impressionnée, quelle délicatesse pour celle qui vient d’ailleurs, quelle attention !! La vie m’apparaissait simple et elle laissait transparaitre la joie. Les personnes rencontrées au détour d’une conversation faisaient naturellement référence à Dieu : "Dieu est Grand", "C’est Dieu qui sait", "Si Dieu veut", "Voilà Dieu dans nos vies".


Puis ce fut la visite vers d’autres villages. Et là, je rencontrais des chefs chrétiens et catéchistes de communauté chrétienne, relais du prêtre responsable de la grande paroisse. Quels engagements au nom de leur foi. Ils avaient vraiment rencontré le Christ et s’étaient mis à son service. Un rappel pour moi à vivre ma consécration religieuse avec autant de disponibilité. Expérience émouvante. Ils ne sont plus, mais j’ai connu des saints.

J’étais envoyée à Toupah pour être soignante au Centre de Santé du village. Depuis toujours, mon profond désir était de soulager les souffrants et pour cela être infirmière. Je fus accueilli par M. Georges, garçon de salle. Il avait la maitrise de son travail. Il m’a formée et j’ai acquis de nouvelles connaissances. Avec lui je me sentais en sécurité. Car ma formation en France ne m’avait pas préparée au poste que j’allais occuper. Si bien qu’un jour, les notables sont venus m’interpeler… Mais c’est après des longues salutations et conversations banales, qu’ils ont fini par me dire l’objet réel de leur visite : "Sœur Mayie, tu évacues trop vers l’hôpital". Quelle diplomatie… Je restais émue et dans l’admiration. Depuis ce jour, j’ai essayé d’entrer dans cette culture de patience, de diplomatie et de maitrise de la parole ; pas facile !!! Y suis-je arrivée ? Vous qui me voyez pouvez le dire ! Heureusement, Sr Colette était là avec le Docteur Madevat ; je prenais conseil auprès d’eux. Ils étaient à l’hôpital de la SAPH.


Ma vie au Centre de Santé ne fut pas un fleuve tranquille, beaucoup plus tard j’allais en découvrir la raison. L’aide et le soutien ne m’ont pas manqué. Entre autres, je dois un grand merci au Père Nicolas Obo, un saint prêtre. Certains disaient "Elle est dure la sœur Mayie", les Sœurs traduisaient cela en "méchante". J’en ai souffert. Plus tard, aussi, j’ai compris que dans ce mot il fallait y voir "Elle a de la rigueur", en cela je me reconnaissais.

J’ai beaucoup aimé ma vie au village de Toupah. Aujourd’hui recevez mon merci pour m’avoir accueillie chez vous. Nous avons partagé les joies et les peines. Merci pour l’amitié, la compréhension et le soutien reçus. Merci pour tout ce que j’ai appris auprès de vous. C’est aussi le moment de m’excuser, de demander pardon à ceux que j’ai pu blesser par mon comportement ou mes paroles maladroites. Abidjan n’est pas loin, cependant vous ne me voyez pas à Toupah. Soyez assurés que je ne vous oublie pas, vous êtes dans mon cœur, et bien plus dans ma prière. Ceci est vrai pour tous les villages que j’ai connus et visités. "BIA, BIA, BIA sin sin." 


     


Parlons d’aujourd’hui... Je suis à Abidjan depuis 2004. Nouvelle expérience de vie en milieu urbain. Je passais de la pastorale rurale à la pastorale urbaine, bien différente. A notre arrivée à Dokui, en 2005, notre paroisse d’accueil était Ste Monique. Nous y avons trouvé beaucoup de chaleur humaine. Chaque mois, nous nous retrouvions l’équipe presbytérale, les religieuses de la paroisse et quelques laïcs, pour un temps de réflexion sur la vie paroissiale. Ce partage d’idées était enrichissant et des liens de fraternité s’approfondissaient entre nous. C’était déjà la Synodalité.


Actuellement, je suis à la paroisse Cœur Immaculé de Marie, à l’arrêt Dokui. Lieu de nouvelles rencontres. Le pape François ne dit-il pas : "La vie n’est pas un temps qui s’écoule, elle est temps de rencontre". Je suis dans l’action de grâce pour la vie de notre église locale. Vous avez l’habitude de dire "Dieu ne dort pas", les paroles d’un hymne du temps de l’Avent le confirment "Dieu est à l’œuvre en cet âge". Oui, Il est à l’œuvre dans cette église locale qui s’épanouit, avec de nombreux prêtres, des religieux et des religieuses et des paroisses qui se multiplient. L’Esprit est à l’œuvre. Dieu appelle aujourd’hui comme hier. Il veut avoir besoin de nous, les hommes et les femmes, pour sa mission. Quelle confiance et quelle responsabilité ! Actuellement dans les rassemblements diocésains, ils sont faciles à compter les religieux et religieuses expatriés. L’Église catholique est bien présente en Côte d'Ivoire, au milieu de la communauté musulmane et autres Églises évangéliques.

"C’est toi le Maitre de tout. Tout par ta main grandit et s’affermit. Nous voici pour te rendre Grâce."


La vie à la Capitale est stressante et fatigante. Combien je plains, en particulier, les travailleurs qui doivent se lever très tôt, affronter les embouteillages pour être à l’heure à leur poste. Et puis la cherté de la vie se fait peut-être davantage sentir en ville. La société, ici comme ailleurs, est en pleine mutation, j’espère que les valeurs culturelles ne disparaitront pas.

Dans ce contexte que devient la famille religieuse des Servantes de Marie ? C’est avec beaucoup de joie que je cohabite avec des Servantes de Marie ivoiriennes, burkinabés et béninoises. Pour les besoins de la mission des Servantes de Marie indiennes sont venues nous rejoindre et nous formons une seule famille. Notre règle de vie nous rappelle que : 

"Dans un monde de violence et d’égoïsme, nous voulons témoigner de la force de l’Évangile ; nos communautés essaient de dire que, malgré les différences, la fraternité est possible sous l’action de l’Esprit." (R de vie n°35 )

Que font les Servantes de Marie en Côte d'Ivoire ? Elles sont au service de la vie : accueillir, éduquer, consoler, soigner, se faire proche pour réveiller le goût de vivre ; le Père Cestac, notre fondateur, nous voulait en priorité au service de la femme et des jeunes filles. Car disait-il : "Une Mère chrétienne ! Quelle grande et sainte chose, quelle puissance pour le bien". N’ayez pas peur de vous mettre à la suite du Christ. C’est Lui la vraie source du bonheur, ne vous laissez pas tromper par les fausses idées du monde.


Je remercie le curé de la Paroisse qui a accepté cette célébration en ce jour. Je remercie tous ceux qui sont venus m’accompagner dans cette action de grâce. Je remercie la chorale et tous ceux qui ont contribué au bon déroulement de cet événement. En ce temps de Noël, n’oublions pas de dire merci à la Vierge Marie… Elle vient de nous donner l'Emmanuel…Dieu avec nous !

"Dans la nuit des hommes, Il est la Lumière." (jn 1,5) "Grande joie, l’homme n’est plus seul, l'Amour vient l’éclairer, et partager sa vie !" (1jn 4,5 )

Voilà encore une bonne raison pour être dans l’action de grâce et demeurer dans la joie. Merci à chacun et priez pour moi.


     



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