Chers lecteurs,
Nous avons le plaisir de vous présenter notre 3ème lettre, qui porte sur les actions fraternelles réalisées dans différentes structures de notre Congrégation. Elle constitue notre dernier volet sur le thème de la Fraternité.
Nous remercions chaleureusement les lecteurs qui nous aident en participant et en soutenant la publication de "Cheminons ensemble"…
Merci notamment à Jean-Luc Mouesca, directeur de l’École Sainte-Marie à Biarritz, qui s’est inspiré de notre lettre du mois d’août comme sujet de pastorale. Voici son témoignage :
"Bonjour, je tiens à vous remercier pour la qualité de votre lettre du mois d’août. Elle me permet de nourrir la réflexion sur la pastorale d’année de la communauté éducative de l’école Sainte-Marie de Biarritz. Je ne manquerai pas de faire suivre le lien vers vos lettres, en espérant fidéliser quelques-unes de mes collègues… Continuez comme ça ! Fraternellement", Jean-Luc Mouesca, chef d’établissement.
Pour les prochaines lettres, nous faisons appel à vous, lecteurs, pour connaître les thèmes que vous aimeriez voir aborder. N’hésitez pas à nous faire part de vos souhaits, par e-mail ensemblelsm@gmail.com ou via notre groupe Facebook.
En mai 2019, j’ai été contactée par un "professeur relais école et précarité", concernant deux enfants bulgares, Deniz et Krasimir, qui vivent dans un squat près de l’école. Ces deux enfants n’ont jamais été scolarisés alors que le plus grand est en âge d'être en CE1. Il n’y a aucune place pour eux dans les écoles publiques des alentours disposant du dispositif UPE2A, réservé aux élèves allophones. La question était la suivante : est-ce-que j’acceptais d’accueillir, gratuitement bien sûr, ces deux élèves ?
La mission n’était pas aisée : Denis et Krasimir ne parlent pas un mot de français, tout comme leur famille d’ailleurs. Ils n’ont rien et vivent de mendicité sur une rue passante près de l’école. Le Père Cestac est allé, en son temps, aider les jeunes filles des rues ; il était inconcevable de ne pas aider ces deux enfants des rues.
Denis et Krasimir ont donc fait leur entrée à l’école. Il a fallu passer outre les regards interrogateurs, voire méprisants, de certaines familles : que font deux enfants des rues dans une école privée ? Pas question qu’ils soient dans la classe de leur enfant, car ils vivent dehors avec une hygiène très relative (et l’arrivée du COVID en 2020 n’a pas aidé). Certains enseignants aussi ont eu peur de les recevoir dans leur classe.
Mais par ailleurs, une formidable solidarité s’est mise en place par des dons divers (vêtements, chaussures, produits d’hygiène). Un lavabo et une douche ont été installés dans le squat. La famille a été accompagnée pour les démarches : pas facile d’accéder aux soins et aux bilans pour les enfants quand on n’a pas la langue, pas de moyen de transport, pas de sécurité sociale, pas d’adresse…
Denis et Krasimir se sont fait leur place parmi leurs petits camarades (jamais les élèves n’ont marqué la moindre réserve à leur égard). Nous fournissons tout le matériel d’école (régulièrement mangé par les rats dans le squat), les repas du midi, des vêtements et chaussures, des cadeaux de Noël, l’accès à toutes les activités avec le matériel nécessaire, grâce à la solidarité des parents d’élèves et des enseignants. Ainsi Krasimir est parti en sortie raquettes à la montagne, il a pu s’initier au patin à glace, à l’informatique, il est allé à la piscine… Les photos de classe et les sorties payantes sont financées par l’association des parents d’élèves de l’école.
Je mets de côté l’aspect "parcours du combattant" de cette expérience pour ne garder que les bons moments, les progrès (l’accès à la lecture et à l’écriture par exemple, une jolie victoire pour commencer leur insertion dans la société) et la belle solidarité qui s’est mise en place autour de ces enfants que nous avons accueillis avec beaucoup d’amour et d’espérance.
Pour rappel, l’ensemble scolaire Stella Maris se situe sur le Domaine du Refuge, à proximité des différentes structures sociales de la Congrégation (Crèche, Maison de Retraite, Maison d’Enfants à Caractère Social, Service d’Accueil Familial, Foyer de Vie et Dispositif d’Accueil pour les Mineurs Non Accompagnés).
Les étudiantes de BTS Économie Sociale Familiale du lycée nouent chaque année des liens avec les résidentes du foyer de vie François de Paule ; pour exemple, en 2022, ces dernières sont venues témoigner durant les cours et ont pu visiter le lycée, tandis que les élèves du lycée professionnel ont animé un atelier bien-être auprès des résidentes du Service Accueil Famille.
Dans le cadre de l’Unité d’Enseignement "Externalisée au Lycée Stella Maris, 3 groupes de "Mobilisation" de l’IME du Nid Basque" ont participé à un projet partagé avec les lycéens de Terminale Bac Professionnel SPVL. Durant 6 semaines, le lundi matin et en début d’après-midi, du 8 mars au 14 avril, les lycéens et les jeunes de l’IME ont conçu et fabriqué, conjointement, des jeux en bois, en carton, en papier, ou sur supports numériques. Le travail s’est réalisé en petits groupes ou en binômes, afin d’apprendre à mieux se connaître.
Ce projet a permis aux lycéens de découvrir les ateliers de sous-traitance, blanchisserie et menuiserie présents à l’IME, et aux jeunes du Nid Basque de montrer leurs compétences préprofessionnelles. De plus, ils ont été sensibilisés au langage FALC (Facile à Lire et à Comprendre), permettant de rendre accessibles tout support écrit, à partir d’images, logos et pictogrammes adaptés. Durant cette belle coopération, ont été créés des jeux de möllky, morpion, cartes de mémoire et de 7 familles, ainsi que d’autres jeux sur supports numériques qui pourront ensuite être mis à disposition de l’internat de l’IME, du foyer de vie François de Paule… et autres.
Ce projet a aussi permis de changer les regards et les a priori envers les personnes en situation de handicap ; de vrais échanges sont nés entre tous les jeune, ravis de cette expérience prometteuse de nouvelles actions communes dans l’avenir.
But de cette marche : elle a été organisée par l'aumônerie et les professeurs d'EPS du lycée Stella Maris, au profit de l'association Etorkinekin Diakite. Tous les élèves, partis du lycée Stella Maris, ont pu choisir entre les 3 parcours proposés : Sable d'or, Marinella et Corsaires. Pour les plus courageux, une épreuve sportive à la Barre, encadrée par les professeurs de sport, était également au menu de cette journée sportive et solidaire. Cette marche a été encadrée par les étudiants en BTS ESF (Économie Sociale Familiale) accompagnés des élèves en CAP APM (Agent de Prévention et de Médiation). La ligne d'arrivée de tous les groupes se situait sur la plage de La Barre où des animations étaient prévues : groupe de musique du lycée et stand de fruits. À l'arrivée, les gagnants ont été récompensés.
Le Collectif "Solidarité-Migrants Etorkinekin" est présent sur tout le territoire du Pays Basque Nord et Sud Landes. Il est fondé autour de 2 axes principaux :
- l’action citoyenne publique pour informer, sensibiliser, dénoncer les politiques migratoires et leurs conséquences néfastes ;
- l’accueil, l’accompagnement et le soutien aux migrant.e.s.
En parallèle des activités sportives et en prévision de l’hiver qui approche, une récolte de vêtements chauds pour les migrants est organisée sur Stella-Maris, jusqu'à Noël.
La Fraternité ne se vit pas seulement que dans l’amitié. Elle se vit aussi dans le travail que nous faisons dans nos différentes communautés. Ici, en Côte d’Ivoire, notre mission est centrée sur l’évangélisation des peuples et le service des plus pauvres à travers la catéchèse, la visite aux malades, l’internat des filles, l’enseignement au préscolaire et primaire, le soin des bébés malnutris, la formation des jeunes en couture et l’alphabétisation des jeunes et adultes. Toutes ces missions se vivent avec le soutien des uns et des autres. Nous sommes aidées dans ces diverses missions par des laïcs salariés et, quelquefois, des personnes de bonne volonté.
La Fraternité n’est pas en dehors de cette relation de service qui nous lie et bien au-delà, nous devenons frères et sœurs. Dans les moments de joie et de peine, nous sommes ensemble, comme une famille. Cette Fraternité trouve son sens dans notre engagement à la suite du Christ qui nous rassemble pour témoigner de son amour. Elle n’est pas sans difficultés, nous sommes témoins les uns, les autres. En clair, les personnes qui partagent souvent cette Fraternité avec nous dans la mission retiennent surtout notre joie de vivre, notre rigueur du travail bien fait et la providence au cœur de cette mission. Nous rejoignons si bien le père Cestac en ces termes : "Quant à la confiance en la providence, elle n’est point séparée, pour nous, de la confiance en la très Sainte Mère de Dieu, puisque c’est toujours par elle que cette providence adorable a signalé ses bienfaits sur nous." (Jour après jour, avec Père Cestac).
Dans notre centre, nous accueillons des personnes de différents âges souffrant d'un handicap mental ou physique. Nous les encourageons par des activités physiques, des formations techniques; comme la fabrication de bougies et d'enveloppes, et nous leur offrons des repas de midi et des collations. C'est une sortie pour eux et ils apprécient la vie en se mêlant les uns aux autres.
Nous sommes partiellement soutenus par l'aide des personnes qui viennent visiter le centre pour leurs anniversaires de naissance et de mariage. Les célébrants viennent passer du temps avec nos enfants spéciaux, en organisant des programmes récréatifs, en coupant des gâteaux d'anniversaire et en partageant les repas avec nous. Certaines familles de notre paroisse nous soutiennent également, avec des fonds provisoires pour maintenir le centre. Parfois, des étudiants en travail social viennent pour leurs programmes d'exposition. Nous sommes soutenus et encouragés par la population locale, qui nous exprime sa gratitude et sa solidarité, et se réjouit du service que nous rendons aux pauvres et aux personnes en difficulté.
Envoyées par nos Congrégations, Sœurs de la Compassion et Servantes de Marie, nous vivons en Communauté de 4 Sœurs depuis avril 2019 : une Sœur de la Compassion et trois Servantes de Marie. Le but de notre Communauté est de poursuivre la présence de Vie Consacrée dans le Projet "Gizaide" : prise en charge et accompagnement des personnes atteintes de maladie mentale. Et, soit dit en passant, nous venons de célébrer les 25 ans de la Fondation, les 16 et 18 novembre derniers.
Nous vivons la Fraternité en assumant nos différences, en nous sachant complémentaires et en nous enrichissant mutuellement de nos charismes : "Marie au pied de la Croix" et le "Qu'il se fasse, le Oui de Marie". Les deux fondations sont dédiées à l'étude et à la vie avec les pauvres et les marginalisés.
Nous avons entrepris cette aventure avec enthousiasme, sans savoir où l'Esprit nous mènerait, avec un texte que nous considérons fondamental : "Invitation à naître de nouveau" (Jn 3,2-8). Nous avons également concrétisé un Projet Communautaire que nous avons de plus en plus affiné, étapes que nous avons franchies, reconnaissance de chacune, en apportant ce que nous sommes au groupe communautaire et en vivant la Mission en Alliance, convaincues que l'opportunité de vivre le rêve "qu'une autre Vie Religieuse est possible", nous est offert. Toujours en quête et plus conscientes de ce que signifie vivre comme une communauté d'alliance, en nous adaptant à la réalité actuelle et en nous ouvrant à ce que l'Esprit fait dans notre monde.
Nous vivons dans la gratitude et l'espérance et, dans notre vie fraternelle, nous vivons la prière avec intensité ; chacune prépare sa semaine et nous partageons les tâches que nous avons réparties, en nous sentant chacune responsable du reste de la Communauté. Nous continuons avancer pas à pas et, chaque jour, nous sentons la compagnie de Marie et la lumière de l'Esprit dans la simplicité de la vie quotidienne.
Nous sommes des étudiants en dernière année de lycée, Malena Luna Martínez et Federico Nahuel Bueno. Nous sommes tous deux âgés de 17 ans. Dans cette lettre, nous allons commenter notre expérience de l'activité appelée "Leaders" : un espace périscolaire qui a lieu à l'école le samedi matin. C'est une proposition où des actions très différentes et particulières sont menées, où il est facultatif d'appartenir au groupe et cela se fait du fond du cœur, de la croyance, de la foi. Un lieu et un espace mis à disposition par l'école pour que vous puissiez vous libérer, être vous-même et apprendre de l'autre, qu'il soit leader ou dirigé. "Leaders" est synonyme d'unité, de solidarité et de communauté.
La vérité de notre expérience c'est que, dans ces trois années de "Communauté des jeunes" et ces trois années de "Leaders", nous avons beaucoup de chance d'appartenir à ce groupe. Nous avons vécu des moments inoubliables. Nous avons passé de nombreuses journées à accompagner et à encourager les enfants et les adolescents (via beaucoup d'activités de réflexion, des jeux et des chansons). Nous avons partagé des moments de spiritualité, qui nous laissent de nombreuses leçons. Nous avons aussi une place pour l'artistique, que ce soit le théâtre, la musique, le dessin, etc. Ça nous permet de nous exprimer d'une manière unique, libre de pensées, d'émotions et de sentiments.
Personnellement, cela nous a aidés à grandir et à mûrir en tant que personnes, à nous socialiser, à remplir différents rôles, à apprendre des enfants, des adolescents et des adultes, à savoir comment partager l'espace et le lieu avec des personnes auxquelles nous n'avions jamais parlé. Nous pensons qu'être des "leaders" est quelque chose qui ne peut pas être exprimé avec des mots, car il faut le vivre pour le comprendre. Nous estimons que ça vaut la peine de se lever tôt pour chaque réunion. Ça permet à beaucoup de garçons et de filles de passer plus que du bon temps à l'école, et nous y allons dans le but d'apporter un sourire sur le visage de chacun. Nous dirions que cela a grandement changé nos vies et que nous aimerions le refaire bien plus souvent. Merci de nous permettre de nous exprimer et de parler de ce sujet qui nous rend tellement heureux.
Leaders est synonyme de Fraternité. La Fraternité c'est le respect. La Fraternité signifie écouter avec un cœur ouvert. La Fraternité, c'est la fermeté dans ses propres convictions. Car il n'y a pas de vraie Fraternité si l'on négocie ses propres convictions. En termes simples, "Leaders" est Fraternité.
Témoignage d’Evelin, maman du groupe Ama : je m'appelle Evelin, j'ai 16 ans et j'ai un bébé de 1 an et 3 mois. Avec d'autres filles, de jeunes mamans, nous sommes dans le groupe AMA. Lorsque j'ai adhéré, j'ai rencontré des personnes au cœur immense, qui se battent chaque jour pour aider chacune d'entre nous afin qu'aucun bébé ne manque de rien, avec des couches, de la nourriture, des produits d'hygiène pour nos enfants, etc.
Pour moi, cela a été d'une grande aide et je suis très reconnaissante pour bien plus que les choses matérielles. J'aime me réunir tous les samedis avec Sr. Cristina, Gaby, Lorena et les autres mamans, ça me fait du bien. C'est agréable de partager de belles soirées avec elles et de discuter. Ensemble, nous essayons de résoudre nos problèmes, d'aller de l'avant, de savoir que nous pouvons toujours être de meilleures personnes et donner le meilleur à nos enfants.
Nous sommes un groupe où nous nous entraidons toutes, toujours avec la volonté d'apprendre les unes des autres.
Affection et confiance en soi entre frères et sœurs ou entre personnes qui se traitent comme tels.
Il s'agit d'une définition simple, je crois que vivre la Fraternité vraiment par choix signifie affection et confiance, mais aussi respect de l'autre, en s'éloignant parfois de ses propres convictions pour pouvoir accompagner et vivre celles des autres, sans cesser d'être soi-même. Avoir de la patience dans la vie quotidienne car, parfois, l'autre personne est plus lente par nature, ou ne peut pas encore voir. Valoriser les dons du frère ou de la sœur, le laisser être. Respecter la culture et la diversité que chacun. Accepter que ma sœur soit limitée, lui montrer mon affection et reconnaître ses réalisations.
Dit ainsi, cela semble très facile, mais ce qui est merveilleux c'est de pouvoir le vivre et, si nous essayons chaque jour, avec simplicité et humilité, en faisant confiance à la Providence de Jésus et de Marie, nous nous retrouverons à vivre une Fraternité sororale.
Je n'arrête pas de penser au "paralytique dans la piscine" qui essayait de plonger dans l'eau depuis 38 ans pour se soigner. Et je me demande : "personne ne s'est senti proche de lui pour l'aider ? Personne ne l'a vu et n'a éprouvé de compassion pour cet homme ?" Jésus l'a vu... l'a sorti de l'anonymat, l'a mis sur ses pieds et l'a envoyé là où sûrement cet homme aimait la vie.
Aujourd'hui, dans notre mission post-pandémie en Uruguay, nous sommes frappés par une réalité alarmante : la détérioration de la santé mentale des enfants, des adolescents et des jeunes. Les paralytiques de notre environnement, de notre quartier, beaucoup d'entre eux, que nous avons connus enfants, errent aujourd'hui à la recherche de drogues. Exposés à la délinquance pour pouvoir payer leur consommation. Ils ont quitté le système éducatif parce qu'il ne répondait pas à leurs préoccupations... Alors nous nous demandons : que peut-on faire ? Marie, Mère, Maîtresse et Soutien nous éclairera et nous répondra, comme elle l'a fait au Bon Père : "Ne demande que mon Esprit".
Notre proposition commence par le soutien scolaire.
Les garçons rentrent de l'école et sont reçus avec patience... Ils prennent un goûter. Puis ils vont avec leurs professeurs. Petit à petit nous découvrons douloureusement que, bien que le programme soit très important, nous recevons chaque jour des "mots à l'oreille" qui nous parlent de profonde solitude, de peurs, de violences (physiques, verbales, sexuelles). Ce sont des enfants de 8 à 12 ans. Ils ne peuvent pas se défendre parce que leur famille est "fracturée". Il n'y a pas de soutien initial. Il s'agit souvent de femmes seules avec des enfants d'âges différents ; sans accès aux services de base, dans de nombreux cas. Des enfants discriminés et battus parce qu'ils sont "pauvres". Pour certains d'entre eux, c'est leur grande tristesse. C'est pourquoi, lorsqu'ils arrivent en courant et bruyants, ils recherchent en priorité l'étreinte, le câlin et le baiser du professeur, de l'animateur. C'est le premier "repas" avant le goûter.
Dans une société en défaut humanitaire, nous faisons appel à la créativité, en cherchant des moyens de s'exprimer qui libèrent une partie de nos angoisses. Ce sont les volontaires (des femmes du quartier qui ont vécu là toute leur vie) qui se sont dit : "Prenons un cahier et que celles qui souhaitent écrire quelque chose de personnel sachent que nous le lirons pour aider... encourager... guider". On y lit des tentatives de suicide d'un petit frère, des filles qui se marquent avec un objet pointu comme pour dire : "Ça y est... c'était pour que tu réalises que je suis là et que tu m'aides".
Une fois par semaine, nous avons des Ateliers pour la joie : des jeux, des chansons. Et une brève réflexion, histoire ou vidéo... qui les renforce, qui leur donne de l'énergie.
"Et un nombre très élevé de suicides."
Dans notre pays en 2021, il y a eu 758 suicides (dont certains proches de notre communauté.) Par rapport à notre population (3 756 818 habitants), c'est le taux le plus élevé d'Amérique latine. C' est un sujet "dont les gens parlent à voix basse" parce que c'est embarrassant. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes préparés en suivant un cours de prévention du suicide. Et nous avons mis en place des réseaux avec d'autres institutions pour obtenir, avant tout, l'attention professionnelle de psychiatres, de psychologues et de travailleurs sociaux. L'OMS diagnostique que toutes les 40 secondes 1 personne se suicide et 20 tentent de le faire. On parle de 800 000 êtres humains... Mon Dieu, Seigneur !!
Et pour finir… retour aux sources : nous sommes en train de nous en sortir, restant toujours très attentifs, et surtout nous répétons sans cesse ces mots : "Rendre l'envie et le goût de la Vie".
Une prière pour que le Seigneur nous donne à vivre en pleine fraternité avec nos frères et sœurs d’autres religions, en priant les uns pour les autres.
Ô Dieu miséricordieux, je te loue et rends grâce pour les Chrétiens et les Musulmans, les croyants et les incroyants, qui dans les quartiers se parlent, se respectent, et vivent en paix dans les mêmes rues, les mêmes immeubles, les mêmes écoles, les mêmes entreprises, les mêmes clubs sportifs, les mêmes associations.
Ô Dieu de vérité, malgré nos différences, nous avons de nombreux points communs : nous croyons en Toi, dans un monde paganisé où le Divin est remplacé par le commerce et les loisirs ; pour nous, Chrétiens et Musulmans, la prière est au cœur de notre foi ; nous Te célébrons dans nos assemblées, nous avons des valeurs communes comme le respect de la vie, la famille, la solidarité mais, aussi, ce qui nous rassemble dans nos Livres Saints... tout ce qui fait notre vie et notre foi.
Ô Dieu du possible, tu nous invites à être des sarments porteurs de fruits : chacun peut faire quelque chose pour transformer le monde en y apportant sa bonne volonté, sa parole de bienveillance, un regard amical, un geste de Fraternité.
Ô Dieu de paix, nous sommes des naïfs dans la mesure où nous allons à contre-courant des idées véhiculées par les médias ; pour nous, l’important c’est le désir de dialoguer sans prosélytisme, sans jugement intempestif. Nous croyons que rejeter l’autre, c’est favoriser le conflit et la division.
Ô Dieu de solidarité, face à une humanité déchirée, tu nous enseignes aux uns et aux autres le partage, l’attention aux plus fragiles, à ceux que la société met de côté, aux peuples dont les pays sont en guerre.
Ô Dieu de l’unité, fais-nous appréhender nos différences comme une richesse. Que ce pluralisme religieux permette à nos cultures de s’enrichir réciproquement par l’échange et le dialogue.
Ô Dieu d’amour, fais de nous tous tes enfants, heureux de partager simplement et sans a priori ce qui fait notre vie , dans la confiance et le respect.
Michel Jacolin, animateur GAÏC (Groupe d’Amitié Islamo-Chrétien) de Toulouse.