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En ce mois de décembre, cheminons ensemble vers Noël, naissance de Jésus, indissociable de sa très sainte mère Marie et de Saint Joseph.
Le thème de cette année était "l’écologie" à la lumière de Laudato Si'. Dans le dernier chapitre "Education et spiritualité écologiques", les paragraphes 241 et 242 parlent de Marie "la reine de toute la création", modèle d’écologie intégrale ; ce sera le thème de la dernière lettre de cette année.
Dans les précédentes lettres, nous avons vu que tout est relation car "tout est lié".
Cheminons avec Marie, modèle d’écologie intégrale...
Quelques extraits de Laudato Si' :
§241 : Marie, la mère qui a pris soin de Jésus, prend soin désormais de ce monde blessé, avec affection et douleur maternelles. Comme le cœur transpercé, elle a pleuré la mort de Jésus ; maintenant elle compatit à la souffrance des pauvres crucifiés et des créatures de ce monde saccagées par le pouvoir humain. Totalement transfigurée, elle vit avec Jésus, et toutes les créatures chantent sa beauté. Elle est la Femme "enveloppée de soleil, la lune est sous ses pieds, et douze étoiles couronnent sa tête." (Ap 12,1). Élevée au ciel, elle est Mère et Reine de toute la création.
Dans son corps glorifié, avec le Christ ressuscité, une partie de la création a atteint toute la plénitude de sa propre beauté. Non seulement elle garde dans son cœur toute la vie de Jésus, qu’elle conservait fidèlement (cf. Lc 2, 51.51), mais elle comprend aussi maintenant le sens de toutes choses. C’est pourquoi, nous pouvons lui demander de nous aider à regarder ce monde avec des yeux plus avisés.
§242 : A côté d’elle, dans la Sainte Famille de Nazareth, se détache la figure de Saint Joseph. Il a pris soin de Marie et de Jésus ; il les a défendus par son travail et par sa généreuse présence, et il les a libérés de la violence des injustes en les conduisant en Égypte. Dans l’Évangile, il apparaît comme un homme juste, travailleur, fort. Mais de sa figure, émane aussi une grande tendresse, qui n’est pas le propre des faibles, mais le propre de ceux qui sont vraiment forts, attentifs à la réalité pour aimer et pour servir humblement. Voilà pourquoi il a été déclaré protecteur de l’Église universelle. Il peut aussi nous enseigner à protéger, il peut nous motiver à travailler avec générosité et tendresse, pour prendre soin de ce monde que Dieu nous a confié.
Le Père Cestac a toujours été inspiré par Marie. Il disait que Notre Dame du Refuge était son œuvre.
Stan de Larminat, agronome, bio-éthicien et conférencier, a publié divers ouvrages comme "L’écologie, nouveau jardin de l’Église" ou "Dialogue et controverse pour que justice et paix s’embrassent" ou "L’écologie chrétienne n’est pas ce que vous croyez". Il a entrepris une retraite itinérante, un tour de France marial à pied.
Sur son site "les2ailes .com", est publié un article sur le thème qui nous intéresse : "Marie, Reine de la création, modèle d’écologie intégrale". Nous vous proposons quelques extraits de cet article :
En Marie, tout est relation. Or l’écologie intégrale a précisément vocation à rendre compte de l’humain dans ses quatre relations fondamentales :
Si une de ces relations vient à être déficitaire, c’est toute l’unité de l’homme qui est impactée.
Reste à savoir quelle est la valeur propre de chacune de ces relations. La Vierge est certainement celle qui a su le mieux unifier l’ensemble de ces relations dans une perspective de ce que Laudato Si' appelle "le développement plénier de l’humanité" (LS§62).
En quoi la qualité des liens qui unissent Marie à chacune de ces réalités, est-elle une lumière qui éclaire le concept d’écologie intégrale ?
La relation de Marie avec Dieu se manifeste dans la confiance qu’elle lui voue, son obéissance et son Espérance.
- Confiance, obéissance à l’Ange et à la voix de Dieu. Obéissance à l’édit d’Auguste qui l’oblige à quitter Nazareth pour se rendre dans de grandes fatigues à Bethléem. La vraie liberté de Marie était d’être tout obéissance.
- Confiance, qui était, pour Marie, à l’opposé de toute forme de catastrophisme. Et pourtant, elle aurait pu vivre comme des catastrophes, l’inquiétude de Joseph et son désir de la quitter ; le fait d’être enceinte, désastre social pour une fiancée, l’incompréhension de voir son fils l’abandonner au temple pour être "aux affaires de son Père"…
- Espérance de Marie, même au pied de la croix : elle croit en la résurrection de son fils.
En Marie, tout est relation vraie, non seulement avec Dieu, mais également avec son entourage, avec sa famille, ses amis à Cana et avec les apôtres, et toute l’humanité, selon la volonté même de Jésus . D’une certaine manière, ces relations sont essentielles au bien commun . Comme le précise Laudato Si', "L’écologie intégrale est inséparable du bien commun" (LS§156) .
- Marie et la Sainte Famille
La Sainte Famille est signe de l’Église domestique. Benoît XVI la qualifiait de "véritable bien commun, patrimoine précieux pour toute la société". Dans la Sainte Famille, Jésus se sentait plus proche de l’amour de Dieu en expérimentant celui que sa mère lui portait. Marie avec Joseph est le modèle pour la famille en ce qu’elle savait, oh combien, que son fils était un don. Grâce à Marie, nous comprenons pourquoi et comment, comme disait Jean Paul II : "la première structure pour une écologie humaine est la famille".
- Marie et ses proches
A Cana, Marie est invitée à un mariage par des proches. Son attitude nous appelle à écouter, à nous laisser guider par la pauvreté et le souci des autres, très concrètement celui des autres invités. "Faites tout ce qu’il vous dira." Elle veut apporter la vraie joie du vin nouveau à toute notre société. Le vin nouveau des noces de Cana provenait des jarres de purification, de l’endroit où tous avaient laissé leurs péchés. Grâce à Marie, l’eau changée en vin au début de l’évangile, annonce le vin de l’Eucharistie, noces d’amour de Dieu avec l’humanité. Avec le souci de l’autre, c’est montrer le chemin de la vraie joie.
- Marie est toute humanité
Au pied de la croix, Marie a accepté de voir son fils immolé pour le salut des hommes. En quelque sorte, par ce consentement, elle participe à la rédemption du genre humain. Elle est un modèle de charité héroïque et, touchée de compassion, s’est rangée à la parole de son Fils : "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font" .
Marie est un modèle de mère pour nous et c’est aussi notre Mère... Reine de la Création, c’est bien elle, Marie, qui est notre mère, humble et compatissante pour ses enfants.
Dans la prière sacerdotale, le Christ prie son Père pour que les hommes "soient un comme Nous... afin qu’ils aient, eux aussi, ma joie, une joie complète" (Jean 17,11-13). C’est cette joie qui est constitutive de notre unité intime, de notre relation intérieure avec nous-même. Conçue sans péché, Marie est "bénie entre toutes les femmes" et vit en son sein propre une unité parfaite avec elle-même. Le concept d’écologie intégrale veut rendre compte de cette unité de ma personne, de "ma relation intérieure avec moi-même". C’est plus qu’une simple conséquence des 3 autres relations citées "avec les autres, avec Dieu et avec la Terre" (LS§70).
- En Marie, une unité constitutive de l’unité de la personne
Marie a été toute respectueuse de son chaste époux et de la tendresse de cœur qu’ils s’exprimaient mutuellement. Mais Marie, nouvelle Êve, trouve en Dieu seul, une plénitude de grâces dans cette double dimension de l’image de Dieu-Père et Dieu-Mère.
Le Père Louf explique que "l’homme et la femme, à travers le célibat et la prière, retrouvent aussi leur autre moitié en Dieu, cet autre panneau du diptyque, tendresse et force, qui constitue ici-bas une très pure image de Dieu…"
"Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la Création." (LS§255)
Nul doute que Marie ait rendu grâce à Dieu pour le bœuf, dont la tradition rapporte sa présence à Bethléem, ou pour l’âne, qui la transportait dans sa fuite en Egypte, ou encore pour le couple de tourterelles ou de jeunes colombes, qu’elle offrit en sacrifice (Luc2.24) le jour de la purification.
Les saintes écritures donnent peu de détails sur la vie quotidienne de la Vierge, mais toute l’allégorie chrétienne place Marie au centre du cosmos, comme pour nous aider à comprendre cette réalité : "Elle est couronnée d’étoiles, le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds" (Apocalypse 12,1).
- Quelle place a-t-elle donnée à la relation avec les créatures non humaines?
Saint Alphonse de Ligori, développait l’idée que l’Arche de Noé, abritant tous les animaux, était une figure de Marie. Ainsi sous la protection de Marie, tous les pêcheurs, devenus semblables aux bêtes par leurs vices et leurs péchés, trouvent refuge en Marie. Mais l’Arche relâche les animaux tels qu’ils y étaient entrés. Au contraire, sous le manteau de Marie, loups et tigres deviennent autant d’agneaux et de colombes.
Marie, mariée à Joseph, le vit travailler le bois dans son dur métier de charpentier "lieu de ce développement personnel multiple où plusieurs dimensions de la vie sont en jeu : la créativité, la projection sur l’avenir, le développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les autres ; une attitude d’adoration" (LS§127).
En intronisant Saint François, patron des "cultivateurs de l’écologie" (bulle du 29//1979), Jean Paul II a souligné le lien indissoluble entre travail et écologie.
La Création entière a été renouvelée par le Christ. Marie y est intervenue comme "la femme nouvelle". Le Créateur de l’univers donne la royauté au Fils, oint par l’Esprit qui partage cette royauté avec Marie. Si le Verbe, fait chair, gouverne ciel et terre, sa mère est aussi reconnue comme "Souveraine de toute la Création", au moment où elle devient mère du Créateur, dit Jean de Damas.
Saint Anselme écrit : "Ciel, étoiles, terre, fleuves, jour, nuit, et toutes les créatures qui sont soumises au pouvoir de l’homme ou disposées pour son utilité se réjouissent, o Notre Dame, d’avoir été par toi, d’une certaine manière, ressuscités à la splendeur qu’ils avaient perdue, et d’avoir reçu une nouvelle grâce inexprimable. Les choses étaient comme mortes, car elles avaient perdu leur dignité originelle à laquelle elles avaient été destinées... Dieu est donc le Père des choses créées, Marie est la mère des choses recréées".
Selon Irénée de Lyon, "Par sa désobéissance, Eve a créé le nœud qui a étranglé le genre humain. Par son obéissance, Marie l’a dénoué. Ce que la vierge Eve a noué par son incrédulité, la Vierge Marie l’a dénoué par sa foi".
Marie nous appelle à dénouer tout ce qui nous étrangle. Par le modèle de sa vie, elle remet en lumière les liens qui nous unissent à Dieu, et également aux autres, liens constitutifs de l’écologie intégrale, les liens intimes de notre personne, ceux qui nous poussent vers autrui, et vers toute la Création. En cela, elle est bien la Reine de la Création et un modèle d’écologie intégrale.