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Le thème de la lettre de juin était "l’écologie intégrale" à la lumière de Laudato Si'.
Dans le sixième chapitre de cette encyclique "Éducation et spiritualité écologique", le pape François nous invite à nous convertir ; c’est un sacré défi mais, aussi, une redynamisation.
La conversion écologique n’est pas une conversion à l’écologie, c’est une nouvelle manière, aujourd’hui, de vivre la foi chrétienne, une nouvelle relation à Dieu, sous l’angle du lien avec la Création, une "réconciliation avec la création", selon les évêques australiens.
Quelques extraits de Laudato Si' :
§202 : Beaucoup de choses doivent être réorientées mais, avant tout, l’humanité a besoin de changer. La conscience d’une origine commune, d’une appartenance mutuelle et d’un avenir partagé par tous est nécessaire. Cette conscience fondamentale permettrait le développement de nouvelles convictions, attitudes et formes de vie. Ainsi, un grand défi culturel, spirituel et éducatif, qui supposera de longs processus de régénération, est mis en évidence... la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure.
§209 : Les jeunes ont une nouvelle sensibilité écologique et un esprit généreux, et certains d’entre eux luttent admirablement pour la défense de l’environnement ; mais ils ont grandi dans un contexte de très grande consommation et de bien-être qui rend difficile le développement d’autres habitudes. C’est pourquoi nous sommes devant un défi éducatif.
§213 : Une bonne éducation scolaire, dès le plus jeune âge, sème des graines qui peuvent produire des effets tout au long d’une vie.
§216 : La grande richesse de la spiritualité chrétienne, générée par vingt siècles d’expériences personnelles et communautaires, offre une belle contribution à la tentative de renouveler l’humanité... L’évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre.
§217 : Ils ont donc besoin d’une conversion écologique, qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus Christ sur les relations avec le monde qui les entoure. Vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu.
§219 : La conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire.
§220 : La conversion écologique conduit le croyant à développer sa créativité et son enthousiasme pour affronter les drames du monde... Elle implique gratitude et gratuité, c’est-à-dire une reconnaissance du monde comme don reçu de l’amour du Père, ce qui a pour conséquence des attitudes gratuites de renoncement et des attitudes généreuses, même si personne ne les voit pas ou ne les reconnaît.
§222 : La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété et une capacité de jouir de peu.
§223 : La sobriété qui est vécue avec liberté et de manière consciente est libératrice.
§225 : La nature est pleine de mots d’amour, mais comment pourrons-nous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de l’apparence ?
C’est le titre d’un ouvrage rédigé par Marie-Hélène LAFAGE, urbaniste et consultante en politiques locales, chroniqueuse au journal "La Croix".
Pour elle, la conversion écologique passe par une mise en action immédiate et une remise en question de la manière de vivre la Foi, une conversion intérieure de notre rapport au vivant. L’encyclique fait entrer dans un nouveau rapport à soi, à l’autre, au monde, à la création, à Dieu. L’homme n’est pas au-dessus de la Création, il en fait partie. Jean-Louis ETIENNE, médecin et explorateur, dit que l’écologie est une aventure spirituelle, que la nature est la plus grande des mutuelles du monde dont l’avenir dépend des cotisants.
Comme dans les numéros précédents nous parlerons de piliers. Selon Marie-Hélène LAFAGE, les piliers de la conversion écologique sont :
Elle donne aussi plusieurs axes de conversion :
Il doit aussi y avoir une conversion des méthodes d’éducation car, comme le dit l’agro-écologiste Pierre RHABI :
"Si au lieu de se poser la question Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ?, nous nous demandions Quels enfants laisserons-nous à cette planète ?".
Avant l’heure, le Père CESTAC avait tout compris. C’est la nature qui a été source de conversion et de rédemption pour beaucoup des jeunes filles accueillies sur le site de Notre Dame du Refuge. L’itinéraire spirituel des premières Bernardines en est l’exemple parfait.
Comme "tout est donné", parce que la Création est un don reçu qui incite à la gratitude et à la gratuité, il a su reconnaître la valeur propre des personnes accueillies. Gratuité, liberté, bonne volonté étaient les 3 conditions d’accueil.
Comme "tout est lié", il était un adepte du développement intégral invitant à prendre en compte toutes les dimensions de la vie humaine mais aussi toutes les créatures.
Comme "tout est fragile", la fragilité est une invitation au respect mais, aussi, à l’accueil des nouveaux commencements possibles, par-delà la mort. Renaissance des personnes exclues de la société accueillies par le Père Cestac avec, pour devise, une fois devenues Bernardines : "Dieu seul".
Nous lisons au paragraphe 205 de l’encyclique "tout n’est pas perdu : les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi... opter de nouveau pour le bien, se régénérer... et initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté".
En 1842, le Père CESTAC, devant les jeunes prostituées, pensait : "À la vue de ces êtres infortunés que la société flétrit, il les a vues dégradées, livrées à tous les vices… il a vu dans plusieurs... une surabondance de courage et d’énergie se débordant toute vers le mal et il a cru qu’on pouvait la diriger vers le bien". En fondant Notre Dame du Refuge, il leur offre "une vie de famille et de sage liberté".
Pour le Père CESTAC, l’éducation était fondamentale. Il voyait beaucoup de jeunes filles se laisser abuser, car non instruites. Aujourd’hui, des établissements scolaires, sous tutelle de la Congrégation des Servantes de Marie, existent dans le monde entier, avec des projets éducatifs éclairés par le charisme du Père CESTAC.
À son époque, il écrivait : "L’enfant est comme une plante précieuse qui doit, un jour, porter de grands fruits, mais qu’il faut développer par une culture sage, intelligente et suivie" (10/02/1867).
Nous vous proposons quelques actions menées en Argentine, en Inde et en France.
EN ARGENTINE
PROJET INSTITUTIONNEL 3R : RÉDUIRE, RÉUTILISER, RECYCLER
Le processus de réutilisation est défini comme l'action de réutiliser les biens ou produits. Le recyclage est la transformation des déchets pour être réutilisés dans leur destination d'origine ou à d'autres fins.
Le projet a été proposé pour s'assurer que les parents et les élèves des niveaux initial, primaire et secondaire, participent de manière responsable au programme environnemental de l'école sur la bonne gestion des déchets solides. Pour cela, des actions de sensibilisation ont été mises en place aux trois niveaux et des paniers ont été installés à différents endroits dans les bâtiments scolaires pour trier et classer les déchets.
L'adoption d'habitudes environnementales qui contribuent au soin de l'environnement institutionnel à travers la gestion et la réutilisation des déchets solides a été travaillée. La communauté éducative a également été sensibilisée à la possibilité de donner aux matériaux plus d'une vie utile. Enfin, les étudiants ont été initiés à l'utilisation spécifique de certains déchets solides comme matière première pour la production de produits nouveaux et différents.
PROJET AMA-PETITES MAMANS
Écoles La Milagrosa, Hermanas de Betania et Euskal Echea
Dans une année où nous sommes toujours submergés par les vestiges d'une pandémie qui a traversé les frontières, les classes sociales et les âges, et aussi, dans une année où la loi sur l'avortement a été approuvée dans notre pays, une fois de plus le charisme de notre "Bon Père" est présent au milieu d'un besoin que nous ne pouvions ignorer : la vulnérabilité de jeunes adolescentes de quartiers très défavorisés, tombées enceintes dans des circonstances différentes.
Petites mamans, Ama en basque, est le nom donné au groupe de 7 petites mamans de seulement 14 ans, toutes récemment mamans. Enfants fruits de la pandémie.
Le projet consiste à accompagner fraternellement ces jeunes femmes en se réunissant avec des élèves de terminale pour partager des après-midis de causeries et des goûters.
Comme nous l'apprendrait le Père Cestac, "tout est donné", "tout est lié", "tout est fragile"...
Les élèves du collège, de leur côté, s'organisent pour rassembler le nécessaire pour ces bébés et leurs mères. De plus, elles bénéficient d'un accompagnement scolaire pour qu'elles ne perdent pas la scolarité et ils songent à ajouter des ateliers de nutrition et d'enseignement d’un métier. Le tout à l'initiative des élèves de l'école qui ont su voir la réalité de ces mères et sans peur sont sortis pour relever ce défi.
Sans nous en rendre compte, avec ce projet, nous avons tous dit ensemble : Oui, à la vie, en retrouvant la dignité et la joie de vivre. Un projet dans lequel nous sommes tous gagnants.
EN INDE
LE CLUB NATURE
St. Joseph's Matric Higher Sec.School, Mulgumood
Nous, les Josephites, sommes ravis d'avoir un aperçu de l'origine et des activités de notre club Nature. Il a débuté sur notre campus en 2010, sous la direction de la Sœur Mercy Abraham, directrice de l'école St. Joseph's Matric Hr.Sec.School, Mulagumoodu.
L'objectif du club est de sensibiliser les élèves aux différents aspects de l'environnement tels que la protection, la conservation, la préservation et la restauration.
Le club donnera aux élèves les moyens de participer et d'entreprendre des activités significatives et des projets à travers lesquels ils encouragent un comportement responsable en termes d'environnement. Les professeurs et les élèves qui défendent l'environnement et sont conscients de son importance sont encouragés à se joindre au club.
Le club nature réunit ses membres tous les vendredis. Ils ont été chargés de s'occuper de notre jardin intérieur et extérieur, du jardin médicinal et de préparer du vermicomposte. Ils mettent en évidence les noms botaniques et l'usage médicinal de chaque plante médicinale.
Quelques sorties ont été organisées dans le cadre des activités du club nature et, lors de la dernière réunion, ils ont prévu d'étendre la superficie du jardin. Le club nature transmet un environnement vert aux esprits des jeunes.
EN FRANCE
INTERVENTION PROJET RESCUE OCEAN
École Sainte Foy de Toulouse (enfants 6-7 ans)
Ce mardi 29 juin 2021, notre classe de CP a eu la chance d’accueillir Mayeul et Marion qui sont venus nous parler de la protection des océans. Mayeul et Marion sont des bénévoles de l’Association Project Rescue Ocean. Ils donnent de leur temps pour se déplacer d’écoles en écoles afin de sensibiliser tous les enfants à l’état des océans et de l’environnement.
Mayeul et Marion nous ont d’abord présenté l’association. Ils nous ont expliqué que, même s’il n’y a pas la mer à Toulouse, on peut agir pour protéger les océans de la pollution et sauver les animaux. Ils nous ont montré des photos et des vidéos des différentes actions menées par les membres de l’association. Des gens se rassemblent pour dépolluer les plages, les rivières, les fleuves, la mer, l’océan… Puis, nous avons réfléchi à ce qu’est la pollution, et Mayeul et Marion nous en ont donné la définition. Pour ne pas causer de pollution, il faut recycler, réutiliser, remplacer.
Ensuite, nous avons réfléchi à ce que nous pourrions faire, nous, en tant qu’enfants, pour agir. Nous avons trouvé trois solutions :
Puis, Mayeul nous a présenté un tas de déchets, tous retrouvés dans la mer ou sur les plages. La quantité est énorme ! Nous avons réfléchi pour essayer de comprendre d’où viennent tous ces déchets et quel est leur impact sur les animaux. Nous étions très surpris de nous rendre compte qu’un tout petit bouchon ou coton-tige peut provoquer de gros dégâts.
Nous avons vu que tout le monde est concerné même si on ne vit pas près de la mer. Un déchet jeté à Toulouse peut se retrouver dans l’océan parce que le trajet de l’eau va jusqu’à l’océan :
un déchet à Toulouse => tombe dans le ruisseau après l’orage => le ruisseau amène le déchet jusqu’à la rivière => la rivière amène le déchet jusqu’au fleuve => le fleuve amène le déchet dans l’océan => l’océan est pollué et c’est un danger pour les animaux.
Nous avons terminé la séance par un dessin, pour montrer ce que nous avions retenu et ce que nous pouvions mettre en place. Mayeul a présenté nos dessins à la classe, puis il nous a décerné notre diplôme de "Sauveteur des Océans". Nous sommes maintenant officiellement des acteurs impliqués dans la sauvegarde de l’environnement.
Merci à Mayeul et Marion et merci Project Rescue Ocean ! Vous pouvez compter sur nous !
LA PÉPINIÈRE PÉDAGOGIQUE ET LES NICHOIRS
Ensemble scolaire Stella Maris à Anglet (enfants 10-11 ans)
Une classe de CM2 de l’école Stella Maris d'Anglet, en action dans le parc écologique Izadia d'Anglet. Suite à l’incendie survenu le 30 juillet 2020, la pinède d'Anglet a été fortement impactée. Dans ce contexte, l’école Stella Maris s’est rapidement proposée d’intervenir, dans le cadre d’un programme d’actions avec les élèves, afin de participer à la restauration et à la régénération de cette partie endommagée.
L’objectif général du projet est de comprendre la biodiversité et la résilience de la forêt en créant une pépinière. Elle est testée à titre expérimental et pédagogique sur le parc. Au programme de l’année 2020/2021 : connaître la biologie d’une plante, choisir des essences locales, comprendre le rôle d’une forêt, réaliser un chantier de plantation et tenir un stand informatif lors de la fête de la Nature. Les élèves ont planté une trentaine de végétaux, le 17/12/2020.
Les oiseaux ont aussi souffert. Un autre projet est né : l’installation de nichoirs pour que les oiseaux reviennent.
L’objectif de ce second projet pour l’année scolaire 2020/2021 est la connaissance des nichoirs et des espèces d’oiseaux, l’identification des diverses espèces de mésanges, des notions sur la chenille processionnaire du pin qui détruit les pins et dont le prédateur naturel est la mésange.
Une chanson a été écrite par les enfants et enregistrée avec Philippe ALBOR
On n’a pas le temps ! On n’a pas le temps ! Non, non, non ! Pas le temps ! … De passer le temps à se plaindre, à râler, De ne voir sur la route que le mauvais côté, Toujours négatifs, dans le noir, en sommeil. Il est temps de prendre le soleil ! | On n’a pas le temps ! On n’a pas le temps ! Non, non, non! Pas le temps ! … De rester collés, scotchés à nos écrans, Hyper inactifs, carrément dépendants, De suivre le monde sans en faire partie. Il est temps de goûter la vraie vie ! | On n’a pas le temps ! On n’a pas le temps ! Non, non, non! Pas le temps ! … De crier, hurler, de faire des histoires, De vouloir blesser, de chercher la bagarre, D’allumer la haine, et des guerres sans fin. Il est temps de se tendre la main ! |
De nombreuses actions sont menées sur l’ensemble du site Stella Maris au niveau ENVIRONNEMENTAL, en voici quelques exemples :
Concrètement sur l’ensemble scolaire, ses missions, en lien avec la Directrice pour l’école et l’Enseignante référente développement durable pour le collège-lycée sont de :
Être éco-délégué de classe c’est :
Des exemples de missions menées par les éco-délégués :
D’autres actions sont menées au niveau SOCIAL :
Sont également à rajouter des travaux effectués sur l’ensemble scolaire pour les économies d’énergie (fenêtres double-vitrage, éclairages LED…), ainsi que pour les économies de consommation d’eau (douchettes à l’internat, embouts mousseurs aérateurs sur les robinets, récupérateurs d’eau de pluie pour les zones de biodiversité…)
L’ensemble scolaire Stella Maris a obtenu en 2021 un label E3D (Établissement en Démarche Globale de Développement Durable) du Ministère de l’Éducation Nationale, pour toutes les actions menées au niveau environnemental et social. Il bénéficie également d’un agrément "Refuge Biodiversité" LPO (Ligue pour les Oiseaux) depuis 2020.
LES FRUITS MOCHES, PAS SI ATROCES
AILLEURS ?
Nous vous invitons à nous faire partager d’autres actions, d’autres projets menés dans d’autres écoles ou dans d’autres lieux.
Et pour chacun d’entre nous ?
À quelle conversion écologique pouvons-nous vous engager aujourd’hui ?
"Car l’écologie intégrale est faite de simples gestes quotidiens, par lesquels nous rompons la logique de la violence, de l’exploitation, de l’égoïsme."(§230).
Comment vivre plus simplement ?
Que puis-je faire, que fais-je à mon niveau, dans ma vie de tous les jours ? Alimentation, déchets, déplacements, systèmes économiques, etc.
Et si nous nous posons la question : à quoi ça sert, ce que je peux faire ? La réponse est dans la légende amérindienne que Pierre RHABI raconte souvent :
“Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire lui dit : Colibri, tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! Et le colibri lui répondit : je le sais, mais je fais ma part.”
"Que notre préoccupation, pour cette planète ne nous enlève pas la joie de l’espérance car au cœur de ce monde, le Seigneur de la vie continue d’être présent." (§243)
Pour terminer ce numéro, nous vous proposons les Ecobéatitudes, écrites par l’enseignement catholique du diocèse de Lyon, lors des assises Laudato Si' (3 octobre 2018) :