Chères lectrices, chers lecteurs,
voici la 2ème lettre de l'année, toujours sur le thème
Commençons par un texte de Fray Luis de León, moine augustin espagnol du XVIe siècle, poète, philosophe et professeur, emprisonné par l'Inquisition durant 4 années. Pour l'anecdote, retrouvant ses étudiants à sa sortie de prison, il commença son cours en disant : "Nous disions hier..."
Augustin Chaho était un homme politique bayonnais, journaliste, propriétaire du journal L'Ariel , connu pour son hostilité à l'Église et à la monarchie.
À son retour d’un pèlerinage à Notre-Dame de Buglose, le 20 juillet 1846, dans une librairie de Bayonne, le P. Cestac lit le premier article le concernant sur le journal L'Ariel. Sur le coup, cette lecture le trouble ; peut-être songe-t-il à se défendre, comme en octobre 1839, lorsqu’il fut attaqué dans la presse locale pour accueillir des prostituées désireuses de changer de vie à Notre-Dame du Refuge ? Mais bien vite, il se sent intérieurement appelé à ne répondre que par le silence.
À partir de cette date, dans chaque numéro du journal, ou presque, on peut lire de mordantes satires sur le fondateur de Notre-Dame du Refuge. Ainsi est-il caricaturé de façon grotesque et affublé de noms ridicules : "Orphelinophile" ou "Prostitutophile".
L’Ariel du 6 décembre 1846 raille toutes les formes de son activité : "L’Abbé Cestac, entrepreneur général de lessives et de blanchissage, grand paillassier de la garnison de Bayonne, fabricant et expéditeur à l’étranger de fleurs artificielles ; lingerie en fin, couturier en gros, repasseur en grand ; maquignon, agriculteur, horticulteur, marchand de lapins, de légumes, de volailles, de cochons ; fabricant de statuettes et de magots plus chinois que religieux ; marchand d’eau merveilleuse pour les yeux, de pommades, de chapelets, etc.".
Les articles se multiplient : accusations, calomnies, dérision. L'abbé Cestac est accusé d’enfermer les jeunes filles dans des huttes malsaines, sans vêtements, ni vivres ; de leur imposer des travaux de galérien. La population de Bayonne se partage. Les uns souhaitent la défense du prêtre : les journaux adverses seraient heureux d’offrir leurs colonnes, la justice se dit prête à ouvrir un procès. Mais l’intéressé se tait. D’autres l’accablent de mépris et de colère. Dès qu’il apparaît dans les rues, il voit - comme il l’avoue – "l’opprobre des hommes et l’abjection du peuple".
Il écrit, le 28 décembre 1846, à une sœur : "Passant par la rue Poissonnerie, en revenant de la Cathédrale, j’ai été insulté, outragé par de pauvres jeunes gens qui croyaient me faire de la peine et qui me comblaient, au contraire, d’une douce joie".
La persécution dure longtemps, jusqu’en mai 1849. Augustin Chaho, se rendant à une réunion électorale en vue des législatives, est victime d’un grave accident à la sortie de Pau. Le lendemain, de passage dans cette ville, le P. Cestac apprend l’évènement et envoie dire au blessé "la vive part qu’il prend à son malheur ; que la communauté priera pour lui et que le passé était oublié".
Depuis ce moment, écrit le P. Cestac, "Toute attaque cessa et la paix revint… Après ces longs jours d’insultes, je me trouvai dans une paix profonde et comme insensible à toute appréciation des hommes !"
Arnaud Larrieu, propriétaire d’une cabane et de quelques ares de sable, meurt en août 1846, à Notre-Dame du Refuge. Avant de mourir, il dicte son testament qui constitue le P. Cestac en héritier de son petit bien qui deviendra la "Solitude de Saint Bernard".
Vers 1849, un proche parent d’Arnaud conteste violemment au P. Cestac la propriété d’une parcelle de sable (celle sur laquelle sera bâtie la Chapelle de Saint-Bernard). Pour éviter un procès et par souci de paix, le Père lui donne la somme réclamée pour prix du terrain, soit 300 francs.
À quelque temps de là, la femme de ce monsieur dit à Mère M. François de Paule qu’elle avait deux filles en âge d’aller en apprentissage. Mais elle trouve que Bayonne est trop loin pour les y envoyer. Elle demande alors si la Communauté pourrait lui envoyer une Sœur pour leur enseigner à coudre. Elle se chargerait alors de bâtir une cabane pour leur servir d’abri.
Ahurie devant une telle audace après ce qui s’était passé entre son mari et le Bon Père, la Sœur répond fort vaguement. Cependant, elle en parle à la première occasion au Bon Père. Celui-ci se recueille un instant et dit : "Mon enfant, ces gens nous ont fait trop de peine, pour que nous ne leur fassions pas de bien". C’est ainsi que la dame bâtit une cabane et que se forma l’Ouvroir Notre-Dame.
Tout au long de son pontificat, le Pape François œuvre beaucoup pour la paix. Plusieurs publications en témoignent, qu'il s'agisse du discours d'Abu Dhabi ou du texte publié le 12 décembre 2019, traduit en huit langues : "La paix, chemin d'espérance, dialogue, réconciliation et conversion écologique".
Pour le pape François, "la paix est un chemin d’Espérance face aux obstacles et aux épreuves... un chemin d’écoute fondé sur la mémoire, la solidarité et la fraternité". Le chemin de la réconciliation exige patience et confiance. On n’obtient pas la paix si on ne l’espère pas... Ainsi, l’Espérance est la vertu qui nous met en chemin, qui nous donne des ailes pour aller de l’avant, même lorsque les obstacles semblent insurmontables…
Le monde n’a pas besoin de paroles creuses, mais de témoins convaincus, d’artisans de paix ouverts au dialogue, sans exclusion ni manipulation. La paix est un édifice "sans cesse à construire", un chemin que nous faisons ensemble, en cherchant toujours le bien commun et en nous engageant à maintenir la parole donnée et à respecter le droit. Dans l’écoute réciproque, la connaissance et l’estime de l’autre peuvent se développer jusqu’à reconnaître, dans l’ennemi, le visage d’un frère...
C’est seulement en choisissant la voie du respect que l’on pourra rompre la spirale de la vengeance et entreprendre le chemin de l’Espérance. Le passage de l’Évangile qui rapporte l’échange entre Pierre et Jésus nous guide : "Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? Jésus lui répond : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois." (Mt 18, 21-22). Ce chemin de réconciliation nous appelle à trouver dans le fond de notre cœur la force du pardon et la capacité de nous reconnaître frères et sœurs.
La paix, chemin de conversion écologique : si une mauvaise compréhension de nos propres principes nous a parfois conduits à justifier le mauvais traitement de la nature, la domination despotique de l’être humain sur la création, ou les guerres, l’injustice et la violence, nous, les croyants, pouvons reconnaître que nous avons alors été infidèles au trésor de sagesse que nous étions censés garder…
Ce chemin de réconciliation est aussi écoute et contemplation du monde qui nous a été donné par Dieu pour que nous en fassions notre maison commune. En effet, les ressources naturelles, les nombreuses formes de vie et la terre elle-même nous sont confiées pour être "cultivées et gardées" (cf. Gn 2, 15) aussi pour les générations à venir, avec la participation responsable et active de chacun…
"Que le Dieu de la paix nous bénisse et vienne à notre aide. Que Marie, Mère du Prince de la Paix et Mère de tous les peuples de la terre, nous accompagne et nous soutienne, pas-à-pas, sur notre chemin de réconciliation. Et que toute personne venant en ce monde puisse connaître une existence paisible et développer pleinement la promesse d’amour et de vie qu’elle porte en elle." |
Reine de la paix, Marie,
Ton sourire nous console.
Mets sur nous tes mains de Mère.
Prie ton fils pour qu’Il nous sauve.
Nous venons, Ô bonne Mère,
De tous les pays du monde,
T’apporter nos joies, nos peines,
Nos soucis, nos espérances.
En toi nous gardons confiance,
Sainte Étoile Salvatrice.
Veille sur la Sainte Église,
Viens changer le cœur du monde.
Mère, ton amour nous forme,
Nous conduits vers Dieu le Père.
Par ton Divin Fils Unique,
Que l’Esprit de Dieu nous guide.
Nous te reviendrons tous Marie.
Tu es notre espoir, après Dieu.
Préserve du mal notre âme.
Garde en nous la paix divine.